2 techniques de réfection des filets

Le dégagement d’un boulon bloqué conduit souvent à l’endommagement du filet. S’il n’est pas trop abîmé, il est possible de le refaire avec un taraud ; sinon, il faut rapporter un autre filet.

La technique du taraudage

Si les dégâts sont minimes, le simple passage d’un taraud du diamètre et du pas d’origine suffira. En revanche, si les dégâts sont plus importants (ou si le premier taraudage est mal réalisé), il faut envisager un « usinage » plus sérieux en adoptant une vis ou un boulon d’un diamètre supérieur à celui défectueux.

Si par exemple, le goujon avait un diamètre de 5 mm au pas de 80 (M5 x 0,80), il doit être remplacé par un autre de 6 mm de diamètre au pas de 100 (M6 x 1,00). Il faut pour cela bien sûr, « refaire » un nouveau filetage de « pas » correspondant à celui du nouveau goujon, opération délicate qui demande un matériel adéquat et un certain « tour de main ».

Des tarauds spéciaux

Des tarauds spéciaux

La réalisation d’un filet se fait en 2 temps :

  • d’abord un perçage précis
  • puis le taraudage proprement dit

Le perçage

Cette phase demande une gamme complète de forets de grande précision. En effet, le diamètre du trou à percer doit correspondre exactement à celui de la vis ou du goujon, moins la valeur du pas.

Ex : Pour un goujon de 5 mm de diamètre au pas de 80 (M5 x 0,80), le trou sera donc de 5 – 0,80 = 4,20 mm.

Le taraudage

En règle générale, pour une même dimension, il existe 3 tarauds :

  • un taraud « ébaucheur »
  • un « intermédiaire »
  • et un « finisseur »

La technique

  • Faites un premier passage avec le taraud ébaucheur (celui qui a les dents les moins agressives) par mouvements rotatifs « visser – dévisser », en lubrifiant régulièrement.
  • Passez ensuite le taraud intermédiaire et terminez avec le finisseur
  • Nettoyez minutieusement à l’air comprimé si possible afin de retirer tous les copeaux
  • Pour faire « prendre » le taraud bien aplomb, il est prudent de s’aider d’un écrou du diamètre et pas correspondants
  • Présentez le taraud muni de l’écrou et engagez-le bien verticalement sur ses 2 ou 3 premiers filets coniques
  • « Descendez » l’écrou sur le taraud contre la pièce à tarauder.
  • Maintenez l’écrou fermement appliqué et effectuez le taraudage

Si l’écrou peut être tenu en place par un moyen quelconque, étau ou petite presse, ou même par un petit point de soudure électrique, c’est encore préférable.

Mieux encore, on peut aussi souder l’écrou sur une petite semelle en acier, ce qui garantit une assise parfaite.

Les filets rapportés

Cette solution est couramment adoptée dans l’industrie pour réparer les filetages des pièces en alliage léger, mais aussi pour renforcer des filetages soumis à rude épreuve.

Cette méthode permet de « sauver » des pièces importantes, donc chères, telles que culasse, carter moteur en aluminium, etc …

On a recours au filet rapporté lorsqu’il est impossible (faute de place) de percer un trou à un diamètre supérieur pour y tarauder un nouveau filetage afin de visser un goujon plus gros que celui d’origine.

Le cas type est la réparation d’un trou de bougie. La détérioration de son filetage est fréquente, les bougies faisant l’objet de démontages et montages successifs répétés. De plus, elles ne sont toujours pas faciles d’accès, ce qui conduit souvent à les engager de travers et, si l’on y prend pas garde, à fausser le filetage.

Rappelons à ce sujet qu’une bougie doit toujours être vissée à la main. Si la place manque, emmanchez-la dans une Durit en caoutchouc, qui fera office de cardan.

Un filet rapporté

Un filet rapporté

La mise en place d’un filet rapporté de bougie

  • Nettoyez le « champ opératoire » afin de ne pas faire tomber de corps étranger dans le trou de bougie
  • Graissez à la graisse consistante le taraud spécial
  • Vissez (à la main pour commencer) le taraud spécial que vous prenez ensuite dans une clé plate à fourche de 9 mm ou à œil de 11 mm – 12 pans (si vous utilisez une clé à pipe, il faut que celle-ci soit aussi de 11 mm à 12 pans)

L’idéal est d’utiliser un tourne-à-gauche standard mais l’espace dont on dispose interdit souvent l’emploi de cet outil.

L’opération de taraudage doit être effectuée en une seule fois. Ne revenez pas en arrière (comme pour un taraudage normal) pour nettoyer et graisser le taraud en pensant que les copeaux risquent ainsi de moins tomber.

Si quelques copeaux venaient à s’échapper et à tomber dans le cylindre, ne vous inquiétez pas et ne déculassez pas. Les particules d’aluminium ne rayeront pas le cylindre en acier et elles brûleront dès les premières explosions du moteur.

Le filet doit être inséré à l’aide de l’outil spécial (qui le guide et le comprime). N’essayez pas d’effectuer la mise en place avec de simples pinces.

Tournez l’axe de l’outil, maintenu au contact de la culasse jusqu’à ce que le filet se libère seul de son guide.

Avec des pinces à becs longs, cassez, par des mouvements alternatifs, l’extrémité recourbée servant à entraîner le filet.

Attention : Cette opération est délicate, ne faites pas tomber cette petite pièce car elle est en acier spécial et provoquerait de graves dommages dès les premiers tours moteur.

Si cet incident se produit, vous n’avez pas d’autres solutions que de déculasser.

Remarques :

  • Ne lubrifiez pas le filet lors de sa mise en place
  • N’utilisez pas de produit-frein (genre Loctite)
  • Ne graissez pas la bougie avant de la revisser

Les frettes filetées à visser (Charrier)

Cette méthode de « sauvegarde » est quelquefois meilleure que celle du filet rapporté. En effet, la frette offre à sa partie supérieure une face rectifiée, assurant une bonne étanchéité (par exemple pour la portée d’une bougie ou d’un bouchon de remplissage de carter).

Cette portée sera toujours perpendiculaire à la frette, même si celle-ci est mal positionnée (quelques degrés d’écart) par rapport au trou initial.

Un tourne-à-gauche

Un tourne-à-gauche

La pose d’une frette

Là aussi, il faut un outillage spécialisé (taraud, foret, fraise), fourni par le fabricant de la frette :

  • graissez abondamment le taraud rectifieur
  • faites prendre ce taraud à la main dans le trou de bougie. Ensuite, en vous aidant de l’outil en croix (outil entraîneur), taraudez complètement jusqu’à ce que la partie coupante du taraud soit enfoncée.
  • laissez le taraud dans cette position et retirez l’outil entraîneur
  • glissez la fraise sur la queue du taraud (qui lui servira de guide) et fraisez le siège, en vous aidant de l’outil entraîneur
  • dévissez ensuite le taraud, qui enlèvera les copeaux de la partie supérieur du filet autour du fraisage
  • soufflez bien tous les résidus de métal et commencez à visser la frette à la main

A l’aide de l’autre taraud (taraud sertisseur, cylindrique) et de l’outil entraîneur, vissez la frette à fond.

Lorsque la rotation se fait plus difficile, continuez de tourner jusqu’à ce que le taraud redevienne plus libre : les filets intérieurs du bas de la frette sont formés et ceux extérieurs sont sertis dans la culasse. La frette est alors bloquée à sa place.

Dévissez le taraud sertisseur et montez la bougie

Du fait de sa forme, le taraud rectifieur a 3 fonctions :

  • la partie inférieure et au diamètre et au pas du trou de bougie à réparer, elle sert aussi de guide à l’usinage
  • la partie centrale, conique sert d’alésoir
  • la partie supérieure, la plus longue, taraude à la dimension extérieure de la frette

Ajouter un commentaire