Comment fabriquer un meuble façon ébénisterie

Avant l’apparition de la technique du contre-placage, celle des panneaux pré-fabriqués mis commercialement à la disposition des fabricants de meubles et ceux qu’il est possible de réaliser avec les colles modernes, les ébénistes constituaient le support de placage de façon composite en insérant des bâtis de bois massif des panneaux de bois tendre également massif par embrèvement à fleur, du parement des montants et des traverses.

Généralités

Le meuble façon ébénisterie est essentiellement un meuble plaqué. Malgré tout le soin apporté au choix des bois, à leur degré de siccité, à la précision de leur assemblage, une telle construction subit des déformations dues surtout aux variations hygrométriques de l’atmosphère se traduisant par des fentes et des brisures du placage au droit des joints bâtis-panneaux.

Une commode en panneaux

Une commode en panneaux

De nombreux meubles anciens sont ainsi construits.

La technique du contre-placage, qui consiste à constituer les panneaux par une âme en bois tendre plaqué en parement et en contre-parement en fil contrarié avec celui de l’âme, réalise des ensembles insensibles à l’état hygrométrique de l’air.

Panneau contre-plaqué

Éléments constitutifs

Un panneau contre-plaqué est constitué par une âme centrale bois tendre bien sec et réalisée à partir d’une planche de l’épaisseur voulue débitée sur dosse puis refendue en son milieu d’abord et en lattes de 5 à 6 cm de largeur en prenant soin d’éliminer tous les défauts tels que gerces, flaches, nœuds …

Ces lattes sont corroyées mises en à l’épaisseur voulue.

Un panneau est constitué d’autant de planches qu’il est nécessaire dont les lattes sont soigneusement accolées à plat joint dans la position qu’elles occupaient dans la planche d’où elles proviennent et collées dans cette position.

Le panneau est ensuite raboté, tiré d’épaisseur, puis passé au rabot à dents sur les 2 faces, encollé recto-verso pour recevoir  les contre-plaques.

La contre-plaque est un placage épais en bois tendre : peuplier, tulipier, ou okoumé dont on choisit l’épaisseur en fonction de l’épaisseur de l’âme :

  • 1,5 mm pour une âme de 15 mm d’épaisseur
  • 2 mm pour 20 mm
  • 3 mm pour les épaisseurs supérieures

Travail du panneau contre-plaqué

Une contre-plaque en okoumé

Une contre-plaque en okoumé

On le coupe à des dimensions de quelques millimètres supérieures à celles du panneau.

On l’applique, sur l’âme encollée, par sa face creuse, celle qui se trouvait du côté du cœur de la bille au moment du déroulage.

On dispose la contre-plaque sur l’âme recto-verso, son fil perpendiculairement à celui de l’âme.

Le tout est placé dans un châssis à plaquer entre des feuilles métalliques ou des panneaux de bois nommés cales, chauffés s’il s’agit de colle forte, en prenant des dispositions pour éviter qu’ils n’adhèrent au panneau : interposition de papier ou de blanc d’Espagne.

Le serrage des traverses du châssis à plaquer doit être progressif, effectué du centre vers l’extérieur et uniformément réparti. Il doit être appliqué jusqu’à prise complète de la colle.

Les panneaux sont ensuite exposés les 2 faces à l’air libre pour un séchage uniforme.

Dans cet état, les panneaux sont à nouveaux replanis au rabot à dents en vue du placage définitif.

C’est également dans cet état qu’on pose, s’il y a lieu, les emboîtures et les alaises d’encadrement. Ces dernières sont destinées à masquer le chant en plusieurs épaisseurs lorsque celui-ci est apparent dans l’ouvrage.

Placage

C’est l’opération délicate qui confère au panneau sa valeur esthétique. Elle s’accompagne de l’opération complémentaire du placage du verso du panneau qui a pour objet d’équilibrer l’action que le placage exerce sur le recto de l’âme.

L’encollage du panneau et le collage proprement dit du placage s’effectuent dans les mêmes conditions que dans le cas de la contre-plaque.

Signalons toutefois que les placages entrant dans la composition de la décoration d’une même surface pouvant être d’épaisseurs légèrement différentes, pour uniformiser l’action des cales, il y a lieu d’interposer non pas une feuille de papier comme avec la contre-plaque d’épaisseur uniforme, mais une feuille de carton susceptible de s’écraser sous l’action des parties les plus saillantes.

Le panneau terminé est alors constitué :

  • du placage
  • du contre-plaquage
  • de l’âme
  • du contre-placage
  • et du placage

L’emploi du châssis à plaquer convient à l’exécution des panneaux plans.

Constitution d’un meuble façon ébénisterie

Prenons comme exemple un meuble coffre qui aurait pu être une commode ou un bas de buffet, construit façon ébénisterie, l’ossature fait intervenir les panneaux comme éléments de soutien.

Un tel meuble est ainsi constitué :

  • de 2 côtés en panneaux contre-plaqués sur lesquels sont collés les montants destinés à servir de pieds avant et arrière, à encadrer portes, tiroirs, abattant, à supporter les tablettes par l’intermédiaire de tasseaux, à supporter les coulisseaux de tiroir
  • des traverses de face avant assemblées sur les montants
  • d’un panneau de derrière souvent fait de panneaux à glace embrevés dans une ossature légère
  • d’un fond
  • d’un dessus

L’ensemble d’un côté est muni de ses tasseaux formant une échelle. Les tasseaux s’encastrent dans des entailles des montants, entailles rectangulaires, ou en dent de crémaillère appelées également à grain d’orge. Cette dernière disposition est recommandée pour les meubles démontables car elle s’accommode d’un léger décalage.

L’angle de face avant peut être réalisé selon une des nombreuses dispositions suivantes commandées par le style du meuble et suivant l’habillage :

  • simple renfort
  • renfort modifié
  • montant massif

Simple renfort

Le simple renfort intérieur appelé aussi repaississement lequel peut être simplement plaqué, ou aménagé en pan coupé, ou en angle concave et également revêtus de placage.

Une plinthe pour panneaux

Une plinthe pour panneaux

Renfort modifié

Le renfort est modifié par l’apport d’éléments minces : pilastre de face, ou en pan coupé

Montant massif

Un montant est massif lequel peut être :

  • un coin arrondi
  • un coin concave
  • en colonne engagée ou en saillie

Ce montant est soit en bois commun et, dans ce cas, il est plaqué ou en bois précieux s’assortissant avec celui du placage des panneaux.

Le panneau de côté plaqué peut être agrémenté dans sa partie haute par une frise et dans sa partie basse par une plinthe posées en applique, lesquelles peuvent être moulurées ou non, servir ou non de feuillure à une moulure rapportée. Cette disposition pouvant être ou non retournée sur les traverses de la face avant.

Cette même disposition, lorsqu’elle forme encadrement et qu’elle sert de feuillure à un panneau ornemental : panneau sculpté, glace, vitre …, est dite à faux grand cadre.

Elle peut aussi se réaliser à petit cadre par mouluration des côtés du cadre.

Dans les 2 cas, le remplissage intérieur est maintenu à l’aide de baguettes clouées sur le chant des côtés du cadre et qu’on nomme par-closes.

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