Comment faire un assemblage de bois par chevillage, vissage et collage

Les bois massifs des ossatures des meubles façon menuiserie assemblés soit à enfourchement, soit à tenons et mortaise peuvent être maintenus dans leur position définitive par chevillage.

C’est le cas d’un grand nombre de meubles anciens. Mais on rencontre également des meubles présentant de tels assemblages collés. Les alaises de panneaux et tablettes ainsi que les tiroirs, sauf le fond, sont toujours collés.

Le chevillage

Travail du chevillage

Le chevillage est l’ultime opération de façonnage. Il s’exécute sur des ensembles montés, les différents éléments constitutifs soigneusement ajustés et maintenus en place par des serre-joints.

Des chevilles de bois en chêne

Des chevilles de bois en chêne

On monte d’abord les côtés du meuble. A cet effet, les éléments sont disposés sur les tréteaux dont les traverses supérieurs sont dégauchies.

Ensuite, on assemble les côtés sur la face arrière et sur les traverses avant, l’ensemble du meuble reposant sur des tréteaux de bois dégauchis.

On vérifie l’équerrage à l’équerre. Il se rectifie s’il y a lieu au maillet et au besoin en jouant sur la position des serre-joints. Ces derniers sont en principe placés dans l’axe des assemblages et perpendiculairement aux montants. La rectification d’un faux équerrage important s’effectuant en obliquant légèrement le serre-joint dans le sens du faux équerrage constaté.

Pratique du chevillage

On procède alors au chevillage. Les chevilles sont de petites pièces de section carrée à angles abattus effilés à une extrémité, prises dans du bois dur : chêne, acacia, refendu et façonnées au ciseau et au rabot.

On leur donne une longueur environ double de celle de l’épaisseur de l’assemblage dans lequel elles trouvent place.

La section maximale est de l’ordre du sixième de leur longueur. Elles sont emmanchées à force d’un trou cylindrique traversant l’assemblage de part en part d’un diamètre égal à celui de la section la plus faible de la cheville.

Dans le cas d’un assemblage d’angle, on dispose une première cheville près de l’angle intérieur à une distance de l’arasement de l’ordre de la dimension de la section la plus forte.

Une scie à chevilles

Une scie à chevilles

Pour une traverse, on se contente d’une seule cheville.

On arase l’excédent de longueur à la scie à chevilles.

Le chevillage dans des trous borgnes se renforce à l’aide de coins qui, en butant sur le fond, assujettissent la petite extrémité de la cheville dans son logement.

Le vissage

Le vissage est une solution de fortune de fixation en matière d’ébénisterie. Toutefois et, notamment dans les réparations, il est souvent nécessaire d’y recourir.

C’est également à l’aide de vis que l’on fixe les différentes ferrures telle que les charnières, compas et autres pièces d’articulation. Le vissage doit être effectué méthodiquement.

Pour le bois dur

Lorsqu’il s’agit de réunir 2 pièces, les dispositions suivantes doivent être observées :

  • utiliser des vis à tête fraisée pour la fixation permanente et la vis à tête ronde pour la fixation des parties démontables ou mobiles
  • fixer les épaisseurs les plus faibles sur les plus épaisses et les tendres sur les plus dures
  • choisir le diamètre de la vis de manière qu’elle s’implante dans la pièce dans laquelle elle prend place d’environ 3 fois son diamètre dans le bois dur et 4 fois dans le bois tendre
  • repérer l’emplacement à donner aux vis dans la pièce où elles s’implantent afin d’éviter les joints, les nœuds, la présence d’autres vis ou d’accidents divers
  • reporter ces emplacements sur la ou les pièces à fixer
  • percer la pièce à fixer de part en part à un diamètre supérieur d’un demi-millimètre à celui de la vis à utiliser
  • percer aux endroits voulus, dans la pièce d’implantation, des avant-trous d’un diamètre égal à celui du diamètre moyen du noyau de la vis et de profondeur égale à l’implantation prévue dans le cas de bois dur
  • façonner à la fraise le logement qui doit recevoir la tête de la vis à une profondeur telle que la tête soit noyée dans la fraisure dans le bois dur
Fixation d'une charnière

Fixation d’une charnière

  • lubrifier le filet de la vis à la paraffine solide surtout dans le cas de bois dur
  • utiliser un tournevis de dimension convenable s’ajustant avec un minimum de jeu dans la fente de la vis et d’une largeur voisine de celle du diamètre de la tête de la vis, ce qui suppose disposer d’un jeu complet de tournevis
  • éviter la pose de la vis en bois de bout qui n’offre aucune résistance surtout dans le bois tendre
  • éviter l’emploi du marteau sur les têtes de vis
  • éviter les efforts anormaux de serrage qui risquent avec les vis longues de petit diamètre la rupture du noyau de la vis à la naissance du filetage.

En cas de pose difficile, démonter la vis et approfondir ou agrandir l’avant-trou et lubrifier à nouveau.

Pour le bois tendre

Dans le bois tendre, on se contente d’amorcer l’emplacement de la vis à la pointe carrée, et pour le façonnage du logement qui doit recevoir la tête de la vis, il faut l’amorcer à la gouge.

Le collage

On désigne sous ce nom l’opération qui réunit 2 pièces de bois à l’aide de produits adhésifs. C’est une technique très utilisée dans l’industrie du bois qui dispose actuellement, outre la colle d’origine animale, connue depuis l’antiquité et encore utilisée de nos jours et appelée couramment colle forte, de nombreux produits synthétiques d’emploi aisé et expéditif.

Colle forte

On distingue 2 qualités d’emploi courant :

  • la colle de peau dite de Givet
  • la colle d’os dite de Lyon

Elles sont à base de gélatine. De propriétés légèrement différentes, on les mélange pour obtenir un adhésif au séchage optimal qu’on détermine expérimentalement.

Elles se trouvent dans le commerce sous forme de plaques, de granulés ou de poudre.

Une colle d'os

Une colle d’os

Emploi

Pour leur emploi, les plaques sont concassées ; les granulés ou les poudres s’emploient tels quels.

On les fait macérer de 30 mm à quelques heures dans un égal volume d’eau, ce qui les transforme en une masse gélatineuse.

Pour l’emploi, on chauffe cette masse lentement au bain marie jusqu’à l’obtention d’un produit fluide de couleur blonde.

Cette colle s’emploie à chaud.

Propriété

  • Elle présente l’avantage de ne pas tâcher le bois, de ne pas détériorer le tranchant des outils
  • Elle craint l’humidité. En masse à l’air libre, elle se putréfie facilement dans les pots où on la prépare
  • Elle ne supporte pas de température au-dessus de 65° C.

Soluble dans l’eau chaude, elle est recommandée pour les travaux de placage. C’est la colle qu’on rencontre dans les meubles anciens et qui convient à leur restauration.

Colles synthétiques

Une colle synthétique

Une colle synthétique

D’abord utilisées à la confection des contreplaqués, de telles colles sont actuellement d’usage courant dans les industries du bois et notamment dans la fabrication des meubles.

Elles s’utilisent à froid, sont d’un séchage rapide, et ne tâchent pas les bois.

Par contre, il est pratiquement impossible de revenir sur des collages effectués avec de telles colles insensibles à un quelconque solvant ainsi qu’à la chaleur humide.

Pratique du collage

Collage simple

Les surfaces à coller doivent être propres, exemptes de toutes traces de corps gras ce qui conduit à éviter de graisser les tranchants des outils utilisés dans les dernières phases de façonnage.

Les surfaces à coller doivent être rendues rugueuses par action du rabot à dents, ou pour les petites surfaces, à l’aide d’un fragment de lame de scie à métaux.

Elles sont enduites de colle sans excès puis appliquées l’une contre l’autre et fortement serrées à l’aide de presses ou de serre-joints.

Dans le cas de la colle forte, comme il s’agit de colle à chaud, les surfaces de collage doivent en plus être chauffées à une température voisine de celle de la colle.

Le serrage des pièces est une condition première de la qualité d’un collage. Ce serrage doit s’exercer jusqu’à prise complète de la colle, la durée dépendant de la nature de la colle utilisée et de la température du local où s’effectue le collage. Cette durée peut varier dans de grandes proportions avec la température et l’état hygrométrique de l’air. Elle est d’autant plus longue que la température est plus basse.

Le problème du serrage des pièces est tel qu’il y a lieu d’envisager des solutions particulières pour assurer son efficacité certaine dans tous les cas.

Serrage de panneaux

Serrage de panneaux

Collage de moulures

Dans le cas du collage des moulures d’habillage de meubles, les dispositions suivantes doivent être prises :

  • coller en premier les moulures de la face avant
  • ajuster ensuite les moulures retournées sur les côtés avec les moulures en place de la face avant
  • coller les moulures de côté

Dans le cas de moulures servant de par-closes à un panneau ajusté dans une feuillure :

  • coller simultanément les 2 grands côtés
  • ajuster les petits côtés sur les moulures des grands côtés en place
  • coller simultanément les 2 petits côtés

Dans le cas de moulures encadrant l’intérieur d’un bâti, on ajuste et colle d’abord les petits côtés puis, en second, les grands côtés.

Ces dispositions se justifient du fait que la précision, avec laquelle les coupes des moulures doivent se raccorder, exige que l’ajustage se fasse à la « demande » des premiers éléments préalablement mis à leur place définitive.

L’ajustage « a blanc » de telles moulures est à déconseiller.

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